Le Dialogus quaestionum LXV dans le Liber glossarum

Anne Grondeux

Université Paris Cité and Université Sorbonne Nouvelle, CNRS,

Laboratoire d'histoire des théories linguistiques, F-75013 Paris, France

1. Présentation

Édité par Lukas Dorfbauer, qui le date entre 450 et 615, le Dialogus quaestionum LXV est un traité anonyme formé de 65 paires de questions-réponses, qui circule sous le nom d’Augustin à cause de sa tonalité augustinienne due à ses nombreux emprunts littéraux. Son utilisation du De ecclesiasticis officiis d’Isidore dans les deux dernières questions, interpolation qui isole la famille γ dans la tradition manuscrite, font de 615, date de l’achèvement du De ecclesiasticis officiis, un moment charnière avant lequel on doit placer le Dialogus quaestionum LXV avant interpolation. L’interpolation isidorienne et l’utilisation dans les Sentences de Taion de Saragosse conduisent à y voir une réalisation hispanique (Dorfbauer 2011a, 2011b). Le LG n’offre qu’un parallèle avec le Dialogus quaestionum, situé dans l’entrée VI441 Vitia :

Vitia peccata. Nihil sunt autem uitia sed , sicut et tenebre dicuntur ubi lux non est uel cetera similiaque rerum priuatione nomine tantum inueniuntur.

2. Les tags des entrées

Dépourvue de tag, l’entrée VI441 se rattache à VI440 Vitia, dont le tag Augustini renvoie à l’Hypomnesticon, un autre traité pseudo-augustinien ayant circulé en Espagne (Grondeux 2015 & 2024, Aguilar Miquel 2023). Le tag de VI440 confirme l’attribution à Augustin de ce traité en Espagne.

3. Points particuliers

3.1. Séries et combinaisons

L’entrée VI441 se présente comme un montage entre deux extraits pseudo-augustiniens, concernés par la même thématique, celle de la définition négative des concepts, dans une perspective anti-manichéenne :

Ps. Aug. dial. quaest. 16 : Malum natura non est; sed priuatio boni hoc nomen accepit.

Ps. Aug. hypomn. 1, 4 : Mors ergo nihil est nisi nomen recedente uita : sicuti fames, escarum defectus ; sitis, egentia potus ; tenebrae, absentia lucis; sterilitas, defectus fructus ; silentium, uocis absentia ; inopia, priuatio facultatum ; et si qua sunt alia quae rerum priuatione nihil esse nisi nomen inueniuntur.

3.2. Tradition manuscrite de la source

Comme les Sentences de Taion (Dorfbauer 2011a, 274-276), le LG se rattache à la famille γ du Dialogus, dont les mss attribuent le texte à Augustin. Taion de Saragosse utilise le même passage dans ses Sentences, mais de façon plus littérale :

Taio sent. 1, 15 p. 46, 787 : Malum natura non est, sed priuatio boni hoc nomen accepit.

Références bibliographiques

Dorfbauer 2011a = Lukas Julius Dorfbauer, « Eine Untersuchung des Pseudoaugustinischen Dialogus Quaestionum (CPPM 2A, 151) », Revue Bénédictine 121 (2011), 241-315.

Dorfbauer 2011b = Lukas Julius Dorfbauer (ed.), Pseudo-Augustinus. De oratione et elemosina : De sobrietate et castitate ; De incarnatione et deitate Christi ad Ianuarium ; Dialogus quaestionum, Wien, 2011 (CSEL 99).

Aguilar Miquel 2023 = Julia Aguilar Miquel (ed.), Taio Caesaraugustanus. Liber sententiarum, Turnhout, 2023 (CCSL 116A).

Grondeux 2015 = Anne Grondeux, « Note sur la présence de l’Hypomnesticon pseudo-augustinien dans le Liber glossarum », Dossiers d’HEL, 2015, L’activité lexicographique dans le haut Moyen Âge latin Rencontre autour du Liber Glossarum (suite), 8, 59-78. [Here]

Grondeux 2024 = Anne « L’Hypomnesticon pseudo-augustinien dans le Liber glossarum », 2024. [Annexe à Anne Grondeux and Franck Cinato (eds.), Liber Glossarum Digital, Paris, 2016 (http://liber-glossarum.huma-num.fr)].